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Voyons nos vies comme des œuvres d'art !

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20 avril 2014 7 20 /04 /avril /2014 23:37

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Titre :              Le pont oublié

Auteurs :         Gaby Amadoz

          Delphine Alpin-Ricaud

Genre :            Roman (Témoignage historique)

Année :           2013

Imprimeur :     Omagraph S.L.

ISBN :             9782746666559

Le pont oublié : Roman de Gaby Amadoz et Delphine Alpin-Ricaud

Le pont oublié : Roman de Gaby Amadoz et Delphine Alpin-Ricaud

Intrigue :

 

Luis Amadoz a 29 ans. Nous sommes en 1936. Sa famille et lui sont en deuil ; son père les a quittés. Pedro, son frère, est un militant actif qui œuvre pour contrer le régime franquiste. Luis reste auprès de « madre », quitte à y laisser un peu de sa vie sentimentale. Il est un joueur de pelote, un musicien. Il aime à jouer des jotas.

Les tensions politiques augmentent, promettant de bien sombres lendemains. Seule sa vie amoureuse avec Fina, procure à Luis une sensation d’optimisme. Ils se donnent fréquemment rendez-vous près du pont, sur le bord du rio Aragon.

Seulement, les rafles de rojos se font de plus en plus fréquentes et le filet se ressert autour de Luis et des siens. Arrive le jour où Luis doit prendre le train qui franchira le pont, qui l’arrachera à sa vie, qui l'arrachera à Fina, pour rejoindre les troupes qui combattent Franco et le fascisme grandissant…

Gaby Amadoz et Delphine Alpin-Ricaud

Gaby Amadoz et Delphine Alpin-Ricaud

Mon avis :

 

Au côté de Luis, personnage qui a réellement existé, nous vivons cette période sombre de l’Histoire de l’Espagne, de l’Histoire Européenne et Mondiale.

Comme de nombreuses personnes, il sacrifia son présent dans l’espoir d’empêcher que les forces fascistes n’annihilent son avenir.

Nous le coudoyons dans sa nouvelle vie de combattant de l’Espoir. Nous respirons avec lui, dansons sur ses jotas endiablés, et surtout, nous tremblons au rythme de ses peurs, nous essuyons ses larmes.

Dans un style épuré, dépourvu de fioriture, la vérité crue y est décrite sans voile de pudeur, sans artifice. Nous évoluons au fur et à mesure de notre progression dans le récit, dans les espoirs torturés de Luis, les déchirures et les maux dus à ce que la bêtise humaine peut engendrer de pire.

Voici un livre majeur ! Un témoignage bouleversant de vérité. Ici, pas de pathos ; seulement l’exactitude des faits, des ressentis. Ce livre est à étudier par notre jeunesse ! Qu’il soit lu puis que l’on en parle ! Qu’il soit une arme contre toute forme de totalitarisme et d’obscurantisme !

Qu’il soit un hymne à l’Espoir, un hymne à l’Humanité qui sait faire preuve d’entraide et d’amour quand ses représentants savent regarder ailleurs qu’en direction de leur nombril !

Bravo pour ce témoignage ! Nul doute que Luis, de là où il est ; nul doute que ses amis, que ses proches autour de lui, chantent et dansent au son de guitares paradisiaques, dans la joie et la fierté de ce Témoignage authentique, profond, percutant, et tellement beau ! Beau car vrai et non tronqué ni truqué. Beau car porteur d’espoir !

Un livre bâtisseur, de ceux qui sont capables de nous aider à reconstruire les ponts qui relient les hommes entre eux ; les ponts de l’Amitié, de la Solidarité, de la Vie ! Ses ponts si souvent malmenés, si souvent oubliés.

Merci pour cet ouvrage.

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10 mars 2014 1 10 /03 /mars /2014 13:22

 




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Titre :              Le Roman du café

Auteur :          Pascal MARMET

Genre :            Roman didactique

Editeur :          Editions du Rocher

Collection :     Le roman des lieux et destins magiques par Vladimir Fédorovski

Année :           2014

ISBN :            9782268075815

 

 


 

L’intrigue :

 

Julien, un jeune non-voyant de vingt ans, a toujours vécu dans le milieu du café. Il travaille d’ailleurs dans la boutique de son grand-père. Les relations avec ce dernier sont depuis toujours froides, comme un café frappé, mais un café trop amer qui laisse un goût âpre en bouche. Arrive alors ce qui menaçait depuis longtemps ; la déchirure entre l’aïeul et son petit-fils, inévitable, telle la goute d’eau bouillante se devant de tomber inéluctablement de la mouture détrempée vers la tasse fumante. Le grand-père reproche à Julien, le décès de sa fille lors de l’accouchement. Son petit-rejeton lui a volé l’existence de la "chère" de sa chaire. L’arrivée du petit homme fut alors davantage ressentie comme un fardeau plutôt que comme un cadeau.

Julien se voit finalement viré comme un malpropre de la boutique de son papi, et tel le grain de café brûlé par un torréfacteur malhabile, il se sent rabougri, desséché et perdu.

Il prend alors refuge chez son amie de toujours, la jeune, truculente et pétillante Johanna. Des heures corsées, riches de saveurs et hautes en couleurs, annoncent leurs fragrances…

 


 le-roman-du-cafe


 

Mon avis :

 

Après le roman du parfum, une totale réussite, Pascal Marmet aborde le monde du café vu sous tous les angles : historique, olfactif, chromatique, politique, social, culturel, géographique et romanesque. L’affaire n’est pas évidente. Il faut pouvoir rendre le café moins mystérieux, le présenter sous ses différents aspects sans rendre le jus indigeste. Il faut qu’il soit bien dosé ; un soupçon de scolastique apportant ainsi un éclairage enrichissant et très intéressant, savamment mélangé à une bonne dose de fiction concoctée avec goût et amour, donnant un tout plein de rondeur, de saveur, avec cette légèreté et cette sensation de profondeur et d’authenticité que n’apportent que les grands crus de café dont la torréfaction est maitrisée. Tout ceci représente un sacré paquet de paramètres que l’on pourrait aisément imaginer entassés dans de la toile de jute, à défaut de tonneaux.

Et bien si Pascal Marmet est torréfacteur et que ce Roman du café est un cru, alors ce roman est un grand cru que je qualifierais aisément de "classé."

À la lecture de cette histoire, on coudoie cette substance qui fait partie de notre quotidien, on la hume, on l’observe et la décortique ; finalement, on en arrive avec gourmandise, à mieux la connaître.

On voyage aux côtés de personnages attachants, terriblement humains, des personnages bien ciselés et travaillés, qui ont du corps, de la consistance.

Cette histoire se boit si vite et avec une telle délectation, que l’on arrive à l’ultime mot comme à la fin de la tasse d’un excellent café : beaucoup trop vite !

Heureusement, à l’instar du petit morceau de chocolat noir de qualité, hautement dosé en cacao et quasiment dépourvu de sucre, qui peut accompagner avec brio la perfection caféinée, Pascal nous fait don après l’histoire de Julien et Johanna, d’un annexe, une partie plus didactique sur le café. Cette partie revêt cependant la plume de l’auteur ce qui fait que les informations transmises sont loin d’être ni scolastiques ni ennuyeuses.

Bref, encore une belle réussite !

 

Le souci pour moi, est que je suis un Balzac du petit jus, et que grâce à Pascal, cela ne risque pas de s’arranger…

 

 

À lire sans modération, c’est bon ! que dis-je, c’est très bon et ce, dans tous les sens du terme !

 




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26 août 2013 1 26 /08 /août /2013 11:12



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Titre :                                                             Dahut, l’épousée de la mer

Auteur :                                                         Krystin VESTERÄLEN

Genre :                                                           Conte

Illustrations :                                                  Ronan FOLLIC

Édition :                                                         Pausilippe

Conception graphique et mise en page :      Claire Dori

Année :                                                          2013

ISBN :                                                           979-10-91680-02-8

 

 

 

L’intrigue :

 

Dans des temps anciens, Gradlon, roi de la contré de Cornouaille, apprit qu’un gigantesque trésor existait dans un pays reculé aux confins des froids nordiques. Gradlon se mit alors en tête de s’en emparer. Seulement le trésor était gardé par une magicienne dont la puissance n’avait d’égal que l’extrême beauté. De voyages glacials en mutineries incisives, Gradlon parvint tout de même au fameux butin. L’attend alors un froid accueil de la part de Malgven, la magicienne des régions boréales…

 


 

Mon avis :

 

L’auteur qui est conteuse, entreprend également de faire davantage connaître au plus grand nombre, les contes et légendes en les transcrivant de l’oralité à l’écrit. dahutlivreC’est ainsi qu’elle dépose avec bonheur, la magie des mots voyageurs, la poésie des contes de toujours, la féérie des légendes séculaires, l’essence des veillées d’antan et des ballades contées, sur le papier. Les textes s’y fixent mais n’y sont pas pour autant prisonniers. Ils reprennent aussitôt leur envol majestueux dans l’esprit des lecteurs, comme un oiseau qui ne se pose sur sa branche que pour mieux reprendre son voyage.

L’ouvrage est des plus agréables, tant les écrits fusionnent avec les superbes prises de vues de Ronan Follic.

Que Krystin persiste dans son projet de mener la magie légendaire à nous tous, dans notre quotidien qui en manque cruellement. Elle contribue à nous faire rêver et cela n’a pas de prix.

 

 

Un livre à parcourir le soir, dans une alcôve mystérieuse ou sous un ciel étoilé. La magie opère.

 




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19 avril 2013 5 19 /04 /avril /2013 11:43

 




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Titre :                                      Poésies choisies

Auteur :                                  Alfred de MUSSET

Éditeur :                                 Librairie Hatier

Collection :                             Les classiques pour tous.

Genre :                                   Recueil de poésies

Année de cette édition :         1933

ISBN :                                    inexistant 

 


Que voici un superbe voyage à bord de la poésie d’Alfred de Musset ! Nous traversons ses orages et tempêtes, ses dépressions et tourments, le cœur serré et l’œil humide de tant de douleurs si superbement peintes. Nous assistons à ses printemps, c'est-à-dire au retour de sa foi en des jours ensoleillés, à ses accalmies, le cœur léger et l’œil humide de tant de saveurs si délicieusement brossées.

Que dire de plus sur ce recueil qui n’offre qu’une petite parcelle de l’œuvre de l’auteur, sinon qu’il est un formidable appel à la beauté, à l’observation, pas seulement de son environnement externe, mais également interne. Observation et introspection, ne sont-ce pas là les bases fondamentales de la poésie. Avec quelle richesse le tout est-il dépeint sur la toile magnifiée de la poésie de Musset ! Quelle leçon ! dans la forme, dans le fond. La rime, le rythme, les accents sublimes, l’accélération tempétueuse de la colère et de la souffrance, alternée à la quiétude apaisée des blessures venant à se refermer. Quel envol dans les hauteurs de l’âme humaine ! Quelle plume ! Quel don ! Quelle muse !

Un artiste dont le sang et les larmes irriguèrent la plume, dont le soleil d’une haute spiritualité alliée à un si haut talent, inonda de sa lumière les pages de son œuvre ; plages désertes sur laquelle vint se poser sa poésie.

Prodigieux et tellement bon !

Si l’humanité est capable de posséder en son sein, des êtres à l’image d’Alfred de Musset, alors ma fois, cette humanité échappera-t-elle peut-être à l’abîme.

 


 

Je ne résiste pas au plaisir de partager avec vous, l'un de ses poèmes se trouvant dans ce livre :

 

Ballade à la lune

C'était, dans la nuit brune,
Sur le clocher jauni,
La lune
Comme un point sur un i.

Lune, quel esprit sombre
Promène au bout d'un fil,
Dans l'ombre,
Ta face et ton profil ?

Es-tu l'oeil du ciel borgne ?
Quel chérubin cafard
Nous lorgne
Sous ton masque blafard ?

N'es-tu rien qu'une boule,
Qu'un grand faucheux bien gras
Qui roule
Sans pattes et sans bras ?

Es-tu, je t'en soupçonne,
Le vieux cadran de fer
Qui sonne
L'heure aux damnés d'enfer ?

Sur ton front qui voyage.
Ce soir ont-ils compté
Quel âge
A leur éternité ?

Est-ce un ver qui te ronge
Quand ton disque noirci
S'allonge
En croissant rétréci ?

Qui t'avait éborgnée,
L'autre nuit ? T'étais-tu
Cognée
A quelque arbre pointu ?

Car tu vins, pâle et morne
Coller sur mes carreaux
Ta corne
À travers les barreaux.

Va, lune moribonde,
Le beau corps de Phébé
La blonde
Dans la mer est tombé.

Tu n'en es que la face
Et déjà, tout ridé,
S'efface
Ton front dépossédé.

Rends-nous la chasseresse,
Blanche, au sein virginal,
Qui presse
Quelque cerf matinal !

Oh ! sous le vert platane
Sous les frais coudriers,
Diane,
Et ses grands lévriers !

Le chevreau noir qui doute,
Pendu sur un rocher,
L'écoute,
L'écoute s'approcher.

Et, suivant leurs curées,
Par les vaux, par les blés,
Les prées,
Ses chiens s'en sont allés.

Oh ! le soir, dans la brise,
Phoebé, soeur d'Apollo,
Surprise
A l'ombre, un pied dans l'eau !

Phoebé qui, la nuit close,
Aux lèvres d'un berger
Se pose,
Comme un oiseau léger.

Lune, en notre mémoire,
De tes belles amours
L'histoire
T'embellira toujours.

Et toujours rajeunie,
Tu seras du passant
Bénie,
Pleine lune ou croissant.

T'aimera le vieux pâtre,
Seul, tandis qu'à ton front
D'albâtre
Ses dogues aboieront.

T'aimera le pilote
Dans son grand bâtiment,
Qui flotte,
Sous le clair firmament !

Et la fillette preste
Qui passe le buisson,
Pied leste,
En chantant sa chanson.

Comme un ours à la chaîne,
Toujours sous tes yeux bleus
Se traîne
L'océan montueux.

Et qu'il vente ou qu'il neige
Moi-même, chaque soir,
Que fais-je,
Venant ici m'asseoir ?

Je viens voir à la brune,
Sur le clocher jauni,
La lune
Comme un point sur un i.

Peut-être quand déchante
Quelque pauvre mari,
Méchante,
De loin tu lui souris.

Dans sa douleur amère,
Quand au gendre béni
La mère
Livre la clef du nid,

Le pied dans sa pantoufle,
Voilà l'époux tout prêt
Qui souffle
Le bougeoir indiscret.

Au pudique hyménée
La vierge qui se croit
Menée,
Grelotte en son lit froid,

Mais monsieur tout en flamme
Commence à rudoyer
Madame,
Qui commence à crier.

" Ouf ! dit-il, je travaille,
Ma bonne, et ne fais rien
Qui vaille;
Tu ne te tiens pas bien. "

Et vite il se dépêche.
Mais quel démon caché
L'empêche
De commettre un péché ?

" Ah ! dit-il, prenons garde.
Quel témoin curieux
Regarde
Avec ces deux grands yeux ? "

Et c'est, dans la nuit brune,
Sur son clocher jauni,
La lune
Comme un point sur un i.

 

 




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15 avril 2013 1 15 /04 /avril /2013 15:09



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Titre :                                      Moderato cantabile

Auteur :                                  Marguerite DURAS

Genre :                                   Roman psychologique

Éditeur :                                 Les éditions de Minuit

Collection :                             Double

Année de parution :               1958

Année de cette édition :         1993

ISBN :                                    2707303143

 


 

L’intrigue :

 

Dans l’appartement de mademoiselle Giraud, un enfant se trouve face au clavier d’un piano. Mademoiselle Giraud est son professeur de musique. Elle le réprimande avec exaspération. L’enfant est une tête de mule et se refuse à restituer la signification de l’indication figurant au dessus de la sonatine de Diabelli qu’il apprend : Moderato cantabile. Soudain, des cris provenant du café en contrebas viennent perturber le cours. Anne Desbaresdes qui assiste comme à l’accoutumée, à la leçon de piano de son enfant, est interpellée. L’agitation prend une telle agitation, que madame Desbaresdes, son fils et mademoiselle Giraud accourent à la fenêtre. Anne, prise par la curiosité, descend, se mêle à la foule afin d’en apprendre davantage. Un meurtre vient d’avoir lieu. Un homme aurait tiré sur son épouse…

 


 

Mon avis :

 

Que voici un ouvrage peu commun ! L’auteur nous rend témoin de cet étrange ballet, que représente cette intrigue. Une femme au demeurant alcoolique, qui est tuée par son mari apparemment éperdu d’amour, apparemment perdu. Quel étrange dialogue s’en suit, entre Anne Desbaresdes et Chauvin, ouvrier de la fonderie ! Enfin, ouvrier de la fonderie, nous le supposons. Laquelle fonderie fait vivre la petite population de cette petite ville de bord de mer. Cette fonderie appartient certainement au mari de madame Desbaresdes ; enfin, le subodore-t-on.

Moderato cantabileQuel voyage entêtant que ce récit ! Cette femme de la belle société, qui soudainement et contre toute attente, venant rompre avec ses habitudes, vient se frotter au peuple, quoi qu’en s’isolant toutefois dans un recoin du café, et qui parle à cet homme inconnu qu’elle ne rencontre pour la première fois, du moins nous sommes menés à le penser. que le lendemain du drame. 

Quels étranges dialogues ! Des  phrases courtes, comme en attente, comme en suspension, comme émises de bouches enivrées, comme perçues par des oreilles grisées. Quel carrousel étourdissant que ces rendez-vous quotidiens, que cette boucle incessante ou semblant l’être, que cette action renouvelée, entre Chauvin et Anne ! Le lecteur est comme happé dans un vortex à deux pôles, lui conférant l’aspect d’un double cône, d’une toupie, qui tantôt l’aspire vers la lumière, quelque information lui étant à priori délivrée, tantôt le rejetant vers le trou noir, le néant des profondeurs, tant le dialogue semble n’être qu’échange de vacuité.

Anne Desbaresdes et cet homme ! Quel duo improbable ! Cet adultère qui se dessine ou plus exactement, qui peut sembler se dessiner ; cet intérêt étrange, morbide, voire fusionnel, entre ce fait divers et ce duo impromptu ! Comme est désarçonnante cette ambiguïté due à cette absence de réaction, à l’aveu de cet homme qui visiblement épie Anne depuis longtemps, en connaît les habitudes et l’intimité ! Comme est surprenante cette ivresse de vin dans laquelle se répand Anne, aux côtés de Chauvin ! Quelle désarmante atmosphère psychopathique !

Ce récit est un voyage énigmatique. L’action se déroule ou ne se déroule-t-elle pas ? Anne est-elle réellement en train d’échanger avec cet homme, à propos de ce crime ? Ce crime a-t-il eu lieu ou n’est-il que le fruit de son imagination, laquelle ne chercherait qu’à la distraire, à l’extraire de la torpeur d’un quotidien réglé au millimètre, précision implacable comme l’est celle qui sépare les barreaux d’une geôle, aussi dorée puisse-t-elle être ? L’enfant de madame Desbaresdes, qu’elle pense parfois comme inventer ; cet enfant est-il réellement ? N’est-il pas, au regard du bateau qui traverse le tableau de la fenêtre de l’appartement de mademoiselle Giraud, qu’une invitation à l’évasion, qu’une extension éthérée d’elle-même, tendant à percer la futilité et la superficialité de ses jours ? Ce vin qu’elle vomit, n’est-il pas la métaphore de son propre rejet ? Elle s’exècre, elle se vomit. Cette ivresse n’est-elle pas le fruit fermenté de sa déambulation futile sur les eaux trop plates de son existence ? Toute ivresse n’est-elle pas qu’errance, qu’abandon de soi ? La finalité de ces rendez-vous quotidiens est-elle l’adultère ? Ou bien la mort, à l’instar de cette femme l’autre soir ? Laquelle femme était ivrogne comme semble le devenir Anne. Cette femme morte a-t-elle seulement existée ? N’est-elle pas la production de l’imagination perturbée d’Anne ? N’est-elle pas l’allégorie de ce à quoi aspire Anne en son tréfonds ? Deux mains et deux bouches glacées qui se rejoignent furtivement, sont-elles la fin, comme une mort tant espérée et tant appréhendée ?

 

Toutes ses questions assaillent le lecteur dont la pensée est tenue sous tension, dont la réflexion ne cesse de fonctionner hardiment tout au long de ce récit court et aéré. Marguerite Duras parvient à en exprimer davantage entre les mots, entre les lignes, que par le texte lui-même. Le texte est une évocation, un reflet, une ombre, une projection, une impression. Une introspection ? Un appel à l’introspection ? Je ne le sais ? Je suis comme Chauvin, je n’en sais guère plus que vous.

Mais ceci est un véritable tour de force que d’interpeler le lecteur par le non écrit. Ceci est déroutant et beaucoup n’auront certainement pas été au bout de cet ouvrage.

Je pense que la persévérance en vaut la peine. Il est une fraction de littérature qui se mérite, qu’il faut aller quérir. Elle ne vient pas à nous. C’est à nous de l’appeler, d’y aspirer. C’est un choix. Comme tout choix, il n’appartient qu’à nous et nul jugement ne doit en découler.

Un texte à la frontière de la philosophie, tant l’interrogation vient à sourdre d’entre ses lignes, d’entre ses mots, voire d’entre ses caractères. 

 




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10 avril 2013 3 10 /04 /avril /2013 09:50



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Titre :                                      Vanina Vanini

Auteur :                                  Stendhal

Genre :                                   nouvelle

Éditeur :                                 Hatier

Collection :                             Classiques

Année de création :                1829

Année de cette parution :       2001

ISBN :                                    2218735741

 


L’intrigue :

 

L’action se déroule à Venise, dans le nouveau palais d’un richissime banquier. Le haut du panier de la très haute société est présent. Son altesse le Prince Don Asdrubale Vanini et sa fille, la Princesse Vanina, sont du nombre des invités. La jeune femme est nommée reine du bal tant sa beauté est éblouissante. Les prétendants se succèdent, tous plus beaux et droits, voire roides, les uns que les autres.

Un évènement se propage lors de ces festivités en très grandes pompes. Un jeune carbonaro détenu au fort Saint-Ange, se serait évadé. Tous les prétendants voltigeant autour de Vanina, lui semblent bien ternes, comparé à l’aura hautement empreinte de romantisme de ce jeune carbonaro qu’elle ne connaît pourtant pas.

C’est alors que le lendemain du bal, Vanina découvre dans une chambre soigneusement tenue close par son père, une jeune femme étendue et blessée dans un lit…

 


Mon avis :

 

L’auteur relate ici, la passion amoureuse et ses ravages. Cette passion peut à ce point occulter et désamorcer tout raisonnement logique et sensé du sujet étant sous son emprise, que ce dernier peut errer dans le brouillard leVanina Vanini plus épais, et bien souvent, à son propre insu.

Trop chercher à plaire à l’élu de son cœur, trop chercher à le protéger au-delà de toute raison, laissant l’égoïsme s’insinuer comme souvent, l’on parvient alors à blesser cet être tant chéri ; à le blesser tant qu’il peut en ressentir une véritable aversion pour cet autre qui l’idolâtre si démesurément.

L’amour, quand il vogue seul sur l’océan tumultueux des sentiments humains, boutant aveuglément l’intellect, s’avère être rapidement un ennemi d’une rare violence et efficience ; il est un véritable et mortel poison. Tel est en substance, le message inhérent à ce texte qui nous attrape dès l’incipit et ne nous lâche qu’à l’issue de l’histoire, le cœur quelque peu giflé comme au sortir d’une bonne leçon, l’âme en état d'introspection.

Quand un texte donne à réfléchir à son lecteur, ce texte est bon. Venant de Stendhal, cela n’est guère surprenant.

Court et efficace ; à lire sans cet insupportable et O combien collant "modération".

 




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5 avril 2013 5 05 /04 /avril /2013 18:47



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Titre : L’Autre Tartuffe, ou la Mère coupable

Auteur : Beaumarchais

Genre : Pièce de théâtre. Comédie dramatique

Éditeur : Amazon.co.uk

Année de création : 1792

ISBN : 9781482036220

 


L’intrigue :

 

Dans le salon fort orné, de la résidence parisienne de M. Almaviva, Susanne est éreintée d’une nuit mauvaise. Elle reçut de sa maîtresse Rosine, la veille au soir, l’ordre de préparer pour ce jour, de bien lugubres bouquets, aux couleurs du deuil et du sang. Rosine est un cœur meurtri depuis de nombreuses années. Nous voici le jour anniversaire d'un bien sinistre évènement qui lui assombrit l’existence.

C’est alors que Figaro entre en scène. Sa femme Suzanne et lui, laissent à croire une brouille dans leur couple ; ce afin de mieux déjouer le machiavélisme de Sieur Honoré-Tartuffe Bégearss…

 

 


 

Mon avis :

 

Sur un fond de fautes partagées au sein du couple Almaviva, Beaumarchais instille à ce volet venant clôturer la trilogie (Le Barbier de Séville, Le Mariage de Figaro et La Mère coupable) la perfidie d’un vautour prêt à fondre sur cette maison lui accordant au demeurant toute confiance et amitié. Cette famille est un animal blessé. Quelle plus belle proie donc, pour ce genre de rapaces pour qui les calculs ont depuis fort longtemps remplacé la pensée ! À trop se chercher querelle en batailles inutiles, futiles et vaines, les Almaviva ne s’aperçoivent en rien de la menace planant au-dessus de leur tête, due à cet étranger qu’ils acceptent comme étant des leurs, et qui ne fait in fine, que lorgner sur leurs biens.

Mais il reste la notion de l’amitié pure et forte. Si l’amitié jouée, motivée par l’intérêt est incarnée par Bégearss, l’amitié sincère, celle s’offrant sans le moindre calcul, gouverné par les seuls bontés du cœur, est incarnée par notre fidèle Figaro.

L’auteur mélange avec finesse et moult rebondissements, le drame à la comédie, ce qui à l’époque, lui valut une fois de plus, une belle volée de bois vert. Comme se plaint à juste titre Pierre Arditti, à propos du fait que l’onL'autre Tartuffe, ou la Mère coupable assassine les talents de leur vivant, pour mieux les porter au pinacle une fois décédés, (cas de Louis de Funès dont certains films comme La grande vadrouille, ont été à l’époque jugés abêtissant pour le peuple français ! ) Et oui ! Les imbéciles ont cette prérogative de voir la bêtise partout, surtout là où elle n’est pas et bien sûr, de ne la point voir chez eux-mêmes. Comme se plaint Pierre Arditti donc, et je profite de cet instant pour lui dire de son vivant, qu’il est acteur Grand ! l’on a tendance à toujours n’accepter le talent comme le génie d’un artiste, qu’une fois que ce dernier n’en a plus cure, n’étant plus là pour pouvoir en tirer quelque satisfaction. Il semblerait et cela est tellement récurrent et détestable ! que d’offrir sa reconnaissance pour un contemporain dont le cœur a l’insolence de battre encore, soit impossible à l’âme humaine. Triste mais O combien réel constat.

L’auteur a l’intelligence et le courage de proposer cette pièce qui mêle finement, l’ombre à la clarté, l’éclat de rire à la crainte, l’inimitié à l’amitié, voire l’amour. Ce dernier volet humidifie aussi bien nos yeux par l’émotion de telle scène dont la tristesse ne peut nous laisser indifférent, que par les rires dont nous secoue hardiment telle autre scène.

D’aucun prétend que ce dernier opus n’est pas le meilleur. Je le trouve très bon. Car il regroupe les qualités intrinsèques aux deux premiers. Beaumarchais se permet seulement d’accentuer le trait quant à la partie nébuleuse et sombre qui se terre en chacun d’entre nous et par conséquent, en nos sociétés. Quant au rythme de la pièce, à ses rebondissements, à ses ressorts et leviers, ils demeurent intacts et aussi efficaces. Le Barbier et Le Mariage sont très souvent joués et c’est très bien. La Mère coupable l’est beaucoup moins ; c’est dommage. Si j’étais metteur en scène, je pense que j’aurais à cœur de réparer cette injustice.

Une belle œuvre, dont le titre aurait pu être "La Mère coupable ou les Batailles infructueuses", qui a beaucoup à dire et qui ne s’en cache pas.

 




 

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26 mars 2013 2 26 /03 /mars /2013 16:19

 




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Titre :                                      La Folle Journée ou le Mariage de Figaro

Auteur :                                 Beaumarchais

Genre :                                    Pièce de théâtre. Comédie.

Éditeur :                                 Larousse

Collection :                            Classiques Larousse

Année de parution :             1778

Année de cette édition :       1992

ISBN :                                     2038710311

        

 


 

L’intrigue :

 

Dans le château du comte Almaviva, non loin de Séville, Suzanne et Figaro se trouvent dans leur nouvelle chambre. Elle leur a été concédée par leur seigneur, afin de couronner les bons et loyaux services de ce joli couple, sur le point de se marier le jour même. D’ailleurs, Figaro entreprend de mesurer la pièce, à dessein d’y projeter l’emplacement futur de leur couche de jeunes tourtereaux. Figaro est satisfait de ce présent, il est pour lui la réification de la reconnaissance de son maître. En revanche pour Suzanne, c’est un autre sentiment qui l’anime. Elle ne veut nullement de cette chambre. Figaro lui explique que sa situation auprès de Monseigneur Almaviva, comme de la comtesse, est chose rêvée pour leurs services. Ils sont ainsi à deux pas d’eux. Alors que Suzanne y regarde plutôt le fait que le comte se trouve alors, à deux pas d’elle. Figaro apprend de la bouche de sa promise, au matin de ses noces, que le comte à des vues sur Suzanne…

 


 

Mon avis :

 

Alors que dans le Barbier de Séville, Figaro aidait son ancien maître d’alors, le comte Almaviva, à enlever la belle Rosine des griffes du vieux Bartholo, pour en faire son épouse, nous voici avec le même Figaro, redevenu valet d’Almaviva, devant l’empêcher de réaliser son dessein. Lequel n’est autre que d’user du droit du seigneur, sur ses sujets… féminins.

Le Mariage de FigaroIl ne s’agit plus pour Figaro, d’aider à arracher la belle et jeune promise du noble Almaviva, des vieilles pattes crochues d’un oppresseur acariâtre, mais bien de protéger sa propre promise, devant l’appétit débordant du comte, n’ayant plus de regards pour Rosine qu’il préfère délaisser à présent qu’elle lui est acquise, pour s’égayer à user de vils privilèges auxquels il a pourtant dans la forme, renoncés. De tout temps, une des plaies majeures de la société des hommes dits modernes, même à l’époque des lumières, réside dans ce triste constat : la forme de toutes choses, prévaut bien trop souvent sur son fond.

Beaumarchais nous entraine dans cette journée tourbillonnante, où les rebondissements se succèdent en cascades. Les appétences déplacées des uns, mobilisant la colère des autres ; sentiments francs étant nuancés et délayés par le pardon, la tendresse et une forme d’amusement devant ce qu’il faut avouer, reste le plus souvent de la sottise bien plus que de la méchanceté. Amusement car comme le dit Figaro dans le « Barbier de Séville », il vaut mieux rire des choses, de peur d’avoir à en pleurer. Ce parti pris que d’aucun pourrait bannir en criant au scandale de la lâcheté facile voire permissive, se défend au demeurant, car éloignant efficacement quelque abcès, ulcère et autre pathologie fort peu agréable, il faut en convenir.

Quelles appétences ? Celle de Chérubin, le jeune page, pour la comtesse dont il est follement épris ; celle du comte pour Suzanne mais vous l’aurez déjà compris ; celle de Marceline pour Figaro et là, il y aura de quoi être surpris ; celle de Fanchette pour le page, et ainsi va la vie…

Cette pièce nous narre un huis clos, quoique "clos" soit inexact pour "Le Mariage", étant donné que Beaumarchais a largement invité le monde extérieur, sur scène, (alentours de Séville, le jardin et les giroflées abîmées d’Antonio…) Cette pièce nous narre donc, les pérégrinations d’un microcosme. Seulement d’un microcosme ? Que le tortionnaire, plus ou moins aimable au demeurant, soit de la bourgeoisie ou de la noblesse, il n’est nulle roture qui se doive de vivre sous son joug oppressif. Ce message explosif, se dessine en filigrane dans cette pièce, via le valet importun et effronté, qui se permet de tenir tête à son maître, de le deviner et d’en oser contrecarrer les plans, même, de le confondre… Les barrières microcosmiques sont bel et bien franchies. Révolutionnaire !

Beaumarchais a su intégrer cette dimension dangereuse car étant quelque peu subversive à l’époque, avec intelligence et tact, ce qui n’a pas empêché la critique de se déchaîner et la pièce d’être censurée. Cependant, le pardon final ponctuant "Le Mariage", n’est que finesse adoucissant l’ensemble aux yeux irritables des « privilégiés » d’alors, qui virent d’un œil terne, euphémisme ! un tel toupet de la part de quelque auteur que ce puissent être. Le message qui consiste à prôner l’abolition des privilèges et à générer l’égalité chez les citoyens, ne passait pas vraiment et restait coincé dans la gorge des nababs d’antan. Passe-t-il encore aujourd’hui ? Dans sa forme, certes ! Mais dans son fond… Mais cette petite réflexion n’engage que moi.

Beaumarchais donc, eut le génie de finaliser "Le Mariage" par le grand pardon. Au lieu que les protagonistes ne tombent sur Almaviva et son revers, tel un page léger sur les giroflées et leurs cloches de verre, le souffletant d’une gaillarde volée de bois vert, ils se contentent pour ne point trop déplaire, de mettre le comte face à sa médiocrité, avec beaucoup de manières.

 

Une pièce lumineuse de par son écriture, de par sa conception et sa vision. Laquelle vision, épouse à merveille les évènements lui étant contemporains, faisant d’elle, un étendard, un dais révolutionnaire. L’habileté de jongler avec la labilité sociétale de ce siècle, n’était pas chose non risquée ; beaucoup en on rêvé, d’autres ont feint de s’y essayer ; Beaumarchais lui, l’a fait.

Quand l’agilité de l’esprit s’allie à une telle aisance de l’écrit, le tout venant à s’additionner, à épouser voire à réifier en quelque sorte, tant la symbolique est forte, la conjoncture d’alors, nous pouvons parler sans trop s’aventurer, de génie.

 




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18 mars 2013 1 18 /03 /mars /2013 13:42

 




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Titre :                                      Le Barbier de Séville ou la Précaution inutile

Auteur :                                  Beaumarchais

Genre :                                   Pièce de théâtre. Comédie.

Éditeur :                                 Larousse-Bordas

Collection :                             Petits classiques

Année de parution :               1775

Année de cette édition :         1998

ISBN :                                    2038716102

 


 

L’intrigue :

 

Séville, un matin de bonne heure, le comte Almaviva vient à poser ses pas à l’aplomb d’une jalousie. Derrière celle-ci se trouve Rosine, la jeune femme qui fait chavirer son cœur.

C’est alors qu’apparaît un homme aux allures guillerettes, qui chantonne, une guitare en bandoulière, un papier et un crayon à la main.

Cet homme ne lui est pas inconnu, il s’agit de son ancien valet, Figaro. Les deux hommes se parlent et se racontent. Soudainement, le comte prend la fuite et invite vivement Figaro à le suivre…

  

 


Mon avis :

 

L’auteur nous conte une jeune pupille convoitée d’une part, par son tuteur, le vieux docteur Bartholo qui cherche à profiter de sa position, convoitée d’autre part, par le comte Almaviva, jeune noble dont elle est également éprise.

Avec l’aide du fidèle et néanmoins malin Figaro, qui n’est autre que le barbier du vieux docteur, le comte machine des plans afin de pouvoir s’approcher de Rosine. Cependant, Bartholo n’étant pas dupe, d’une méfiance aiguisée, met à rude épreuve les tentatives du Comte. Le vieux docteur, soupçonnant quelque intriguant toujours à l’affût à l’entour de Rosine, décide de se l’approprier au plus vite. Pour cela, il lui faut l’épouser sans plus tarder.

Almaviva ayant vent de l’affaire, s’engage alors entre les deux prétendants, une course contre le temps.

Même si l’intrigue reste classique ; la belle, prisonnière des rets d’un égoïste oppresseur et secrètement amoureuse d’un beau, jeune et preux chevalier qui ne tardera pas à la délivrer et à la marier ; tous les ingrédients sont là, ressorts sûrs et éprouvés, propres au bon fonctionnement de nombre de comédies ; nonobstant ce fil conducteur largement usité, Le Barbier de Séville est un délice.

Le succès de cette œuvre réside en la mise en relief de ses personnages, en la succession d’intrigues et deLe Barbier de Séville rebondissements, générant la cocasserie d’une scène, rythmant le déroulement de la pièce, lui insufflant une légèreté et une cadence digne des plus belles partitions. Ceci est possible par les caractères imprimés aux protagonistes. Bartholo qui n’est pas l’être aux habituelles œillères, comme l’est d’ordinaire ce type de personnage, et qui arrive à saisir et à compromettre les tentatives risquées des intrigants ; le comte qui fait fi de l’écart de rang le séparant de sa promise, qui n’hésite pas à se posticher, à se déguiser, à se rendre multiple, à dessein d’approcher Rosine ; Bazile, le maître de chant, dévoué à Bartholo mais plus encore à quelque bourse lourde de sonnants et trébuchants, engendrant en lui un comportement de girouette, ingrédient non négligeable dans la recette difficile qui consiste à concevoir des situations drôles et à les bien restituer, lesquelles situations venant à se renverser suivant le sens du vent, (comprenez là, suivant le poids de la bourse) ; Rosine, jeune femme ayant la fougue de son âge, les transports vifs, traits permettant moult rebondissementspuis enfin, notre ancillaire Figaro, dont la présence, la vivacité et la finesse d’esprit, en font une clef de voûte des plus solides, autour de laquelle s’articule cette comédie.

Une idée bien menée, une plume sûre, riche et déliée ; un régal à lire, à jouer comme à aller applaudir.

 




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8 mars 2013 5 08 /03 /mars /2013 14:15

 




 

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Titre :                                      Pot-Bouille

Auteur :                                  Émile ZOLA

Éditeur :                                 Presses Pocket

Genre :                                   Roman sociétal

Série :                                     Les Rougon-Macquart. Histoire naturelle et sociale d’une famille sous le second empire.

Collection :                             Lire et voir les classiques

Année de cette édition :         1990

Année de parution :               1882, aux éditions Charpentier.

ISBN :                                    2266036742

 

 


 

L’intrigue :

 

L’action se déroule dans le Paris du 19ème siècle. Octave Mouret, un jeune provincial arrive en fiacre, de province. La foule grouillante s’articulant autour de commerces en tout genre, avec une frénésie et une rusticité inattendue, le surprend, lui qui rêvait à un Paris davantage propre.

Le jeune homme est attendu rue de Choiseul, dans une grande maison bourgeoise de quatre étages. Il est reçu par M. Campardon, architecte de son état, qui lui loue une chambre au quatrième, car Octave se trouve être un ami des parents de sa femme. Octave fait la connaissance de M. Gourd, le concierge de cette bâtisse louée à plusieurs couples, et appartenant à M. Vabre. M. Campardon commence à faire la visite de la demeure à Octave. Ce dernier pénètre dans un univers étouffé et hermétique, au luxe apparent et ostentatoire. Il apprend ainsi, le nom des locataires logeant derrière les lourdes portes d’acajou luisant. L’excellence humaine, parangon de vertu et d’élévation spirituelle, se terre dans ces appartements imperméables, où rien ne semble ni transpirer, ni pénétrer. Ce joli monde se coudoie donc, dans la plus parfaite harmonie, du haut de sa hauteur, juché sur un piédestal étincelant… de prime abord…

 


 

Mon avis :

 

Une caste qui s’accroche à ses privilèges, quitte à s’en prostituer l’âme. L’appartenance à une société dite d’élite mais n’ayant d’élite que le superfétatoire qualificatif. L’Homme qui se veut et se dit grand, puissant et beau, mais dont la nature vile et terre-à-terre le rabaisse, le ramène à sa nature profonde, comme la mouche qui virevolte en une danse orgiaque, attirée irrémédiablement par sont mets de décomposition. L’atavisme qui corrompt et pervertit le sens commun de celui ou de celle, dont le poison diffusé en son sang depuis des générations, altère peu à peu l’humain pour mieux en faire surgir la bête. L’attrait de l’apparence et de la forme, aux dépens de la conscience et du fond. La vacuité alliée à la fatuité, onguents crasseux qui recouvrent de rutilance toute relative, qui oint la noirceur des êtres superficiels. L’amour immesuré et déraisonné de l’argent en lieu et place de l’amour devant normalement échoir envers les siens.

 

Pot-BouilleVoici les thèmes abordés, disséqués, et mis en exergue par l’auteur, qui une fois de plus s’attira les foudres de la critique et de la bourgeoisie, castes souvent communes, qui bien sûr ne supportaient guère que l’on vint à appuyer là où ça faisait mal.

Là encore, le tableau brossé à l’huile bouillante par Émile Zola, est d’une vérité qui dérangea, d’une exactitude clinique, portant le halo du bec de gaz sur le cloaque caché dessous la soie, sur le lisier pestilentiel faisant le lit de la belle société. Une vérité qui dérangea certes, mais qui dérange encore certainement… Oh si ! Au moins un peu… N’est-ce pas ? Les choses ont-elles réellement changées ?

Ce texte me fait penser à ces mots que vous connaissez sans doute, et dont l’auteur, Jacques Brel, en fut peut-être inspiré, après la lecture de Pot-Bouille.

 


Et puis, y a l´autre (…)

Qui fait ses p´tites affaires
Avec son p´tit chapeau
Avec son p´tit manteau
Avec sa p´tite auto
Qu´aimerait bien avoir l´air
Mais qui a pas l´air du tout
Faut pas jouer les riches
Quand on n´a pas le sou
Faut vous dire, Monsieur
Que chez ces gens-là
On n´vit pas, Monsieur
On n´vit pas, on triche

 

Et puis, il y a les autres
La mère qui ne dit rien
Ou bien n´importe quoi
Et du soir au matin
Sous sa belle gueule d´apôtre
Et dans son cadre en bois
Y a la moustache du père

Qui est mort d´une glissade
Et qui r´garde son troupeau
Bouffer la soupe froide
Et ça fait des grands flchss
Et ça fait des grands flchss
Et puis y a la toute vieille
Qu´en finit pas d´vibrer
Et qu´on attend qu´elle crève
Vu qu´c´est elle qu´a l´oseille
Et qu´on n´écoute même pas
C´que ses pauvres mains racontent
Faut vous dire, Monsieur
Que chez ces gens-là
On n´cause pas, Monsieur
On n´cause pas, on compte…

 




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