Titre : Le Roman du café
Auteur : Pascal MARMET
Genre : Roman didactique
Editeur : Editions du Rocher
Collection : Le roman des lieux et destins magiques par Vladimir Fédorovski
Année : 2014
ISBN : 9782268075815
L’intrigue :
Julien, un jeune non-voyant de vingt ans, a toujours vécu dans le milieu du café. Il travaille d’ailleurs dans la boutique de son grand-père. Les relations avec ce dernier sont depuis toujours froides, comme un café frappé, mais un café trop amer qui laisse un goût âpre en bouche. Arrive alors ce qui menaçait depuis longtemps ; la déchirure entre l’aïeul et son petit-fils, inévitable, telle la goute d’eau bouillante se devant de tomber inéluctablement de la mouture détrempée vers la tasse fumante. Le grand-père reproche à Julien, le décès de sa fille lors de l’accouchement. Son petit-rejeton lui a volé l’existence de la "chère" de sa chaire. L’arrivée du petit homme fut alors davantage ressentie comme un fardeau plutôt que comme un cadeau.
Julien se voit finalement viré comme un malpropre de la boutique de son papi, et tel le grain de café brûlé par un torréfacteur malhabile, il se sent rabougri, desséché et perdu.
Il prend alors refuge chez son amie de toujours, la jeune, truculente et pétillante Johanna. Des heures corsées, riches de saveurs et hautes en couleurs, annoncent leurs fragrances…
Mon avis :
Après le roman du parfum, une totale réussite, Pascal Marmet aborde le monde du café vu sous tous les angles : historique, olfactif, chromatique, politique, social, culturel, géographique et romanesque. L’affaire n’est pas évidente. Il faut pouvoir rendre le café moins mystérieux, le présenter sous ses différents aspects sans rendre le jus indigeste. Il faut qu’il soit bien dosé ; un soupçon de scolastique apportant ainsi un éclairage enrichissant et très intéressant, savamment mélangé à une bonne dose de fiction concoctée avec goût et amour, donnant un tout plein de rondeur, de saveur, avec cette légèreté et cette sensation de profondeur et d’authenticité que n’apportent que les grands crus de café dont la torréfaction est maitrisée. Tout ceci représente un sacré paquet de paramètres que l’on pourrait aisément imaginer entassés dans de la toile de jute, à défaut de tonneaux.
Et bien si Pascal Marmet est torréfacteur et que ce Roman du café est un cru, alors ce roman est un grand cru que je qualifierais aisément de "classé."
À la lecture de cette histoire, on coudoie cette substance qui fait partie de notre quotidien, on la hume, on l’observe et la décortique ; finalement, on en arrive avec gourmandise, à mieux la connaître.
On voyage aux côtés de personnages attachants, terriblement humains, des personnages bien ciselés et travaillés, qui ont du corps, de la consistance.
Cette histoire se boit si vite et avec une telle délectation, que l’on arrive à l’ultime mot comme à la fin de la tasse d’un excellent café : beaucoup trop vite !
Heureusement, à l’instar du petit morceau de chocolat noir de qualité, hautement dosé en cacao et quasiment dépourvu de sucre, qui peut accompagner avec brio la perfection caféinée, Pascal nous fait don après l’histoire de Julien et Johanna, d’un annexe, une partie plus didactique sur le café. Cette partie revêt cependant la plume de l’auteur ce qui fait que les informations transmises sont loin d’être ni scolastiques ni ennuyeuses.
Bref, encore une belle réussite !
Le souci pour moi, est que je suis un Balzac du petit jus, et que grâce à Pascal, cela ne risque pas de s’arranger…
À lire sans modération, c’est bon ! que dis-je, c’est très bon et ce, dans tous les sens du terme !
Art et Littérature